Cet allégement est renforcé par la présence à droite du
petit chien,
qui, dressé sur ses pattes et peint sans modelé, a l'air d'un motif
décoratif destiné à soutenir le torse de la Vénus. La position du
musicien n'est pas moins irréelle. La torsion du buste s'accompagne
d'un effacement des
épaules rendu plus sensible encore par le traitement
de son dos en aplat relevé de chevrons jaunes et marron. C'est un
phénomène de même nature, mais traité autrement, qu'on observe à gauche,
sur la culotte du musicien; très habilement, Titien utilise les crevés
pour produire une véritable illusion d'optique: ainsi la culotte, tout
en ayant l'air arrondie, n'a pas dans le tableau le poids du même objet
dont le modelé serait obtenu au moyen d'ombres.
Déformations peu visibles si l'on n'y prend pas garde, mais qui
deviennent évidentes quand on se reporte à la Vénus d'Urbin. Déformations
voulues, il va sans dire, afin que, délestés de leur poids, la Vénus, le
musicien et le chien participent plus étroitement à l'évocation musicale.