C'est sans doute pour favoriser cet effet que l'artiste prend certaines libertés. Le pli du bassin est supprimé à droite; le buste descend d'une seule coulée jusqu'à la couverture; la jambe, elle aussi, est d'un seul tenant. Position qui élargit le tronc, affermit le bas du corps et, en carrant le contour, supplée au relâchement intérieur des chairs.
Animé d'un mouvement pendulaire, le regard oscille sur le corps; arrêté au-dessus de la tête par le lourd brocart du rideau et aux pieds par l'épée du cavalier, il rejoint, de part et d'autre, la lueur de l'horizon par les plis clairs de la couverture. Alors que la Vénus d'Urbin invite notre oeil à la parcourir telle une colline par sa ligne de crête, la Vénus du Prado nous propose un itinéraire dont les détours ont le charme multiple d'une promenade (aussi n'est-ce pas par hasard que Titien a mis un parc à l'arrière-plan). Au retrait du coude droit répond l'avancée du genou, tout comme à l'ensemble du corps, partiellement en saillie, répond le vide de la veduta.