Dans la Vénus d'Urbin, la densité du nu est mise en évidence par le dessin et le modelé, aussi bien que par les servantes, qui rappellent le poids de la colonne, que par le petit chien couché sur le drap. Dans la toile du Prado, I'effet de densité diminue pour participer au mouvement mélodique de l'oeuvre. A y bien voir, la Vénus est peinte dans une position quasi irréelle. Tandis que celle d'Urbin repose sur le lit où elle donne l'impression d'être vraiment couchée, celle du Prado a plutôt l'air d'être "posée" sur la couverture. A peine si son corps y fait un creux; on irait presque jusqu'à dire qu'elle est comme suspendue entre les plis du rideau et de la couverture, entre ceux du lit et des coussins, qui agissent à la manière de ressorts.